Paru en décembre 2019, le numéro 54/2 de la revue « Le Langage et l’Homme » coordonné par Rachele RAUS (Università degli Studi di Torino) et Nicolas FRŒLIGER (Université Paris Diderot) est consacré à « la terminologie et l’enseignement du français de spécialité, du français langue professionnelle ou sur objectifs spécifiques ». Dans leur article introductif, les coordonnateurs défendent l’importance de ce volume : « rares, en effet, sont les recherches qui concernent justement la manière dont la terminologie peut devenir la clé d’accès privilégiée pour apprendre le français de spécialité, aussi bien que le français langue professionnelle (FLP) ou le français sur objectifs spécifiques (FOS). » (p. 8).
Les auteurs reprennent les questions abordées dans l’ensemble des articles, à savoir :
1. la complémentarité entre langue générale et langue de spécialité ;
2. l’observation des termes en co(n)texte phrastique et discursif ;
3. la formation par les termes pour les traducteurs et pour les futurs professionnels ;
4. la conception et la mise à disposition de banques terminologiques, prenant en compte la complexité de l’usage des termes en discours et leurs relations sémantico-conceptuelles.
La contribution de Nourredine SAMLAK (Terminologie et apprentissage du français spécialisé à l’université : le cas des filières scientifiques au Maroc, p. 13-30) reprend les résultats d’une enquête de terrain (observation participante et questionnaire) auprès de 42 étudiants inscrits en première année à la filière SMIA (Sciences Mathématiques, Informatique et Applications) de la Facultés des Sciences Semlalia de Marrakech. Le choix de l’auteur se concentre sur le moment charnière entre secondaire et supérieur, là où la « fracture linguistique » (p. 13) entre l’arabe comme langue de scolarisation cède la place au français dans l’enseignement supérieur. L’apprentissage de la terminologie essentielle aux disciplines enseignées porte sur un glossaire bilingue national (intégré au guide Cahier des Normes Pédagogiques Nationales) dont les contenus font l’objet d’enseignements FOS/FOU (notamment le cours de Langue et Terminologie) se déroulant parallèlement aux cours disciplinaires en langue française. L’étude confirme cette fracture linguistique dans les interactions en cours disciplinaire, en cours de Langue et Terminologie ainsi que dans des situations de communication informelle entre les étudiants. Les résultats mettent également en évidence, d’une part, la nécessité d’envisager des formations complémentaires de remise à niveau en Français et, d’autre part, la nécessité d’enrichir le glossaire bilingue de référence, afin de faciliter le travail des enseignants dans le supérieur.
L’article de Irène-Marie KALINOWSKA (Comment employer le métalangage relatif à la phrase dans l’enseignement du français en contexte multi- et plurilingue ? Pour la constitution d’une banque de concordances terminologiques construite en diachronie, p. 32-44), part du constat que le « stock » d’« étiquettes » (p. 32) de la terminologie grammaticale appris lors de la période de scolarisation obligatoire varie, voir foisonne en quasi-synonymes difficiles à saisir par les apprenants tout comme par les enseignants, surtout lorsque ces derniers sont plurilingues. L’étude présente ainsi les conclusions d’une étude belgo-polonaise de 2 ans sur l’emploi de la terminologie concernant les théories grammaticales sur la phrase dans l’enseignement et dans la traduction. Le but de la recherche a été de mettre en évidence « quelles approches en matière de syntaxe pouvaient être opératoires dans l’enseignement du français langue 1 et langue 2 » (p. 37). L’analyse comparée des terminologies utilisées en français et en polonais sur la phrase a montré « une similitude de signification quasi systématique, où seuls l’extension et les champs d’application différaient » (p. 38) mais également a prmis de constater que « des théories dites traditionnelles dans la Pologne d’aujourd’hui se sont avérées correspondre à certains modèles explicatifs réputés originaux, voire innovants appliqués à la syntaxe du français actuel » (ibid.), surtout en relation avec la prédication. Au-delà de la comparaison, l’auteure insiste particulièrement sur l’apport de l’approche diachronique pour expliquer la polysémie de certains termes grammaticaux sur la phrase. La complémentarité comparaison/diachronie a conduit, d’une part, l’auteur à « visualiser les modèles abstraits proposés » (p. 40) par chaque terme et, d’autre part, à créer un « dispositif d’enseignement/apprentissage des savoirs relatifs à la phrase française » (ibid.) pour adultes et futurs enseignants (ce dernier n’étant pas présenté dans l’article). La contribution de l’auteure se conclut par le souhait de la création « d’une « banque » explicative de concordances terminologiques » (ibid.) plurilingue.
L’analyse de Sandrine PERALDI (Acquisition des connaissances et traduction juridique : vers une réhabilitation des relations sémantiques, p. 45-65) part du constat de l’importance d’envisager un terme et le concept dont il est porteur dans un réseau notionnel, mais aussi dans un réseau sémantique en discours. L’étude présente ainsi la base terminologique multilingue conçue grâce au projet européen QUALETRA (Quality in Legal Translation) sur les termes juridiques et ayant « pour objectif d’aider les États membres à mettre en oeuvre la directive 2010/64/UE2 relative au droit à l’interprétation et à la traduction dans le cadre des procédures pénales » (p. 52). S’inscrivant aussi bien dans une approche descriptive que dans une approche cognitiviste de la terminologie, l’auteure précise ensuite que « la base comprend 120 termes dans 7 langues ou variétés linguistiques différentes dont l’anglais (de Grande-Bretagne et d’Irlande), l’espagnol, le français (de France et de Belgique), l’italien et le néerlandais (de Belgique) » (p. 52) et que sa conception s’est appuyée sur Sketch Engine (Kilgarriff 2013) et deux corpus de taille restreinte (environ 370.000 et 92.000 mots) pour l’extraction terminologique et phraséologique ainsi que pour le repérage d’indices linguistiques afin de définir et mieux établir les équivalences terminologiques. L’utilisation conjointe de knowledge-rich contexts (Meyer 2001) et de marqueur (Condamines 2018) a permis d’alimenter les champs définition, contexte et note technique de la fiche terminologique. Le repérage de ces informations a conduit par la suite au balisage sémantique se basant sur les catégories utilisées couramment en terminologie et en traitement automatique des langues. L’auteure montre ainsi l’utilité du balisage sémantique en décrivant le traitement terminographique du terme acte de façon détaillée. Elle défend ainsi que « seule la caractérisation des relations sémantiques (liens hyponymiques et associatifs) » (p. 59) facilite la compréhension et l’utilisation de ce terme par des non-experts, notamment par des traducteurs. Encore, l’auteure souligne que « la caractérisation de ces liens indirects agit donc comme un marqueur de différenciation conceptuelle des plus essentiels » (p. 59-60) pour les non-experts. Comme il est possible de lire dans d’autres travaux sur l’extraction et le traitement bi- et multilingue des termes, l’étude se termine ainsi sur une invitation de l’auteur à envisager un rapprochement de l’ingénierie des connaissances et de la terminologie.
Dans Pour un enseignement stratégique du vocabulaire médical (p. 67-84), Nadjet CHIKHI approfondit les méthodes d’enseignement du lexique spécialisé, plus précisément une expérience portant sur une méthode d’optimisation de l’enseignement du vocabulaire médical s’adressant aux étudiants inscrits en première année à l’Institut National de Formation Supérieure Paramédicale (INFP) algérien. Comme l’observe la contribution de SAMLAK, le choix de la première année sert à mettre en avant le changement de statut du français, FLE dans le secondaire et FOS/FOU dans le supérieur. Autant qu’au Maroc, en Algérie « des cours de FLE et/ou de terminologie issus d’une approche lexicale mettant en relation la langue et la discipline » sont dispensés de façon parallèle et complémentaire aux cours disciplinaires. L’auteure détaille ainsi la construction des séquences didactiques mises en place intégrant les modèles de Tardif (1992) et Cavalla & Crozier (2005) et aboutissant à trois phases : une phase de sensibilisation au vocabulaire médical, une phase d’explication des termes et une phase de test. Après un positionnement des connaissances du vocabulaire médical par les 15 étudiants concernés par l’expérience en fonction des niveaux du CECRL, un test initial a visé l’évaluation de la compétence lexicale en français médical par « le découpage en des unités de sens, le repérage des définitions et la réutilisation » d’un terme médical (p. 71). Les résultats du test initial montrent les difficultés rencontrées par les étudiants, surtout lors de l’activité de réutilisation qui a été ignorée par l’ensemble du groupe. Ensuite, 4 séances didactiques sur l’anatomie ont été proposées, portant respectivement sur les règles de composition morphologique des termes médicaux, sur l’inférence du sens des termes inconnus, sur la définition des termes et sur la réutilisation des termes dans un texte spécialisé. Pour chaque séance, l’auteure intègre dans sa contribution les quatre fiches explicatives du déroulement et des objectifs à atteindre. Au bout des séances, un test similaire au test initial a été soumis au groupe pour mesurer leur compétence lexicale. En comparant les réussites au test initial et au test final, l’auteure constate « l’impact positif de l’enseignement explicite du vocabulaire médical. La différence entre les moyennes des nombres de termes découpés, définis et réutilisés entre pré/post expérimentation nous permet de certifier une réelle installation du processus de systématisation de reconnaissance, d’analyse et de réutilisation des termes médicaux » (p. 82).
En continuité thématique avec la contribution de CHIKHI, l’étude de Barbara WALKIEWICZ (Terminologie médicale en traduction, p. 85-102) présente une méthode de sensibilisation à la variation discursive de la terminologie médicale en fonction des genres de discours et des situations de communication. La méthode s’adresse aux étudiants inscrits en deuxième année au master en traduction à l’Université Adam Mickiewicz de Poznań (Pologne). En raison de sa dynamicité discursive, l’auteure s’est penchée sur la terminologie des diagnostics des examens biologiques. Les quatre étapes de la méthode sont ainsi détaillées. La première étape se concentre sur la traduction sans consignes de genres discursifs différents. La traduction est du polonais (langue de départ) vers le français (langue cible). La deuxième étape veut aider les étudiants à identifier la composante sociolinguistique propre à chaque texte à traduire, notamment les émetteurs, les destinataires, le degré d’expertise des acteurs et l’objectif discursif. La troisième étape « repose sur une démarche inductive et consiste à repérer les moyens verbaux dont se servent les spécialistes pour exprimer des paramètres analytiques dans les contextes relatifs aux […] genres discursifs dont relèvent les textes de départ » (p. 95). Cette étape s’accompagne d’une recherche documentaire sur le Web, plus précisément le repérage de textes du même genre discursif. A ce moment, les étudiants prennent conscience de la variation de la terminologie médicale en langue de départ et en langue cible, mieux vaut dire les contraintes discursives sur la synonymie de certains termes et sur la siglaison (ex. volume globulaire moyen > V.G.M., p. 96). La quatrième et dernière étape porte sur l’analyse des premières propositions de traduction et sur la retraduction des textes. WALKIEWICZ conclut clairement ce cheminement de sensibilisation en précisant que cette dernière étape « permet ainsi aux étudiants de comprendre que l’universalisation de la médecine au niveau des procédures diagnostiques n’entraîne pas comme corollaire une analogie distributionnelle au niveau de la terminologie, ce qui revient à dire que les similarités au niveau sémantique ne résorbent pas les asymétries au niveau discursif, passible de la différenciation usuelle en fonction du statut fonctionnel, de la place discursive et du niveau de la culture professionnelle » (p. 98).
Matthieu BACH et Albin WAGENER (L’apprentissage du français sur objectifs spécifiques et le rôle de la terminologie à l’épreuve des discours de spécialité du vin, p. 103-118) montrent les apports de la linguistique de corpus et de la terminologie cognitive lors de l’enseignement/apprentissage des termes du vin dans le cadre du master LEACA proposé par l’Université de Bourgogne à des étudiants non linguistes. Après avoir situé leur réflexion dans le cadre de la linguistique située (Condamines & Narcy-Combes 2015) et après avoir décrit brièvement trois formes de figement relevant de la terminologie, les auteurs « décident de considérer la terminologie comme une composante indépendante de structures syntactico-sémantiques plus larges, fortement conditionnées par le discours » (p. 106). A partir de ces fondements théorico-méthodologiques, les auteurs s’interrogent sur la manière de réinvestir ces acquis dans le cadre d’une formation pour non linguistes, notamment en ce qui concerne les discours du vin. Les auteurs proposent ainsi de prendre appui sur le discours considéré comme « une unification de pratiques spécialisées dans une situation socio-économique particulière » (p. 107) combinée à une approche ethnographique visant à mieux saisir l’utilisation des termes du discours du vin lors de l’observation d’interaction entre experts de la matière afin d’ancrer la sémantique des termes dans l’expérience et dans l’usage de ces derniers. Les auteurs précisent ensuite que les termes sensoriels du discours de vin tendent à être utilisé dans des combinatoires, d’où l’apport du figement lexico-grammatical et des cadres conceptuels de Fillmore pour extraire le réseau conceptuel du discours du vin (cf. PERALDI ci-dessus). A ce propos, une fiche pour les termes millésime et potentiel de garde est proposée. La fiche reprend des occurrences phrastiques des termes, les termes isolés, leur combinatoires phraséologiques/leurs figements, les concepts et la représentation en cadres conceptuels. Des activités d’assimilation de chunks terminologiques et de cartes conceptuelles pour donner une représentation du domaine du vin sont illustrées. Ces activités sont censées être réinvesties dans la création de « fiches situationnelles » par les étudiants, des fiches avec des chunks terminologiques adaptés en fonction de la situation de communication professionnelle concernée (ex. accueil de clients, description d’un produit à un revendeur) (p. 112-113).
La contribution de Dardo DE VECCHI (Entreprises et organisations : frontières de la spécialisation de la langue, p. 119-133) approfondit la relation entre les termes et leur utilisation au sein des entreprises, notamment « le réseau de termes qui reflète autant la culture de l’entreprise que la connaissance nécessaire pour réaliser le travail, le parler d’entreprise » (p. 119). L’approche pragmaterminologique conçue par l’auteur met au centre les notions de domaine d’activité et de domaine d’exploitation – remplaçant ainsi la notion de domaine de connaissances – afin de se focaliser sur l’appréhension des termes pour s’intégrer aux parlers des entreprises. Pour en montrer l’importance, l’auteur détaille les résultats d’une enquête (questionnaire) menée avec un échantillon de 195 apprentis essentiellement francophones qui sont inscrits en Master à la Kedge Business School de Marseille. Parmi les résultats du dépouillement des questionnaires soumis aux apprentis, il convient de souligner le sentiment d’appartenance suscité par l’utilisation du « jargon » de l’entreprise, le rôle joué par les glossaires mis au point par les entreprises ainsi que des exemples de médiation (reformulation intralinguistique) de textes montrant la prise de conscience de l’écart linguistique entre la formulation « jargonnante » des entreprises et la formulation « grand public » (p. 127-128). D’ailleurs, l’exemple d’effacement des termes d’entreprise proposé par l’auteur dans un des textes proposés montre les unités porteuses d’un sens et d’une pratique propres au parler de l’entreprise prise en considération. L’auteur conclut que le lexique représente la composante principale permettant de distinguer les pratiques communicatives et les savoirs des groupes socioprofessionnels. « C’est la méconnaissance sémantique (signification), discursive (comment les dire) ou pragmatique (ce qu’on en fait) qui crée la frontière entre membres de la communauté linguistique dans une activité, entre ceux qui savent et ceux qui ne savent pas. L’intégration à cette communauté qu’est l’entreprise passe par l’acquisition et l’adoption effectives de ce parler. » (p. 128). D’où la nécessite pour l’auteur d’exploiter le cadre théorico-méthodologique pragmaterminologique pour mettre en évidence la structuration évolutive des termes au sein des entreprises et des différentes institutions.
L’étude d’Isabelle SALENGROS IGUENANE et Eva SCHAEFFER-LACROIX (Le cahier des clauses techniques particulières (CCTP) : spécificités d’un écrit professionnel, p. 135-56) cible la rédaction du cahier des clauses techniques particulières par les ingénieurs, notamment par des étudiants-ingénieurs allophones amenés à rédiger ce cahier en fin de cycle. Pour commencer, les auteures définissent les finalités contractuelles et légales de ce cahier et surtout analysent ces caractéristiques sémantiques et discursives à partir de 7 exemplaires rédigés par des ingénieurs en ingénierie civile. Grâce à une analyse linéaire et au logiciel Tropes (Molette et Landré 1995), les auteures dégagent ainsi des routines linguistiques (ex. on retiendra, p. 140) tout comme la présence de verbes d’action et d’adverbes de modalisation (p. 141). L’exploration à l’aide du logiciel Sketch Engine (Kilgarriff 2013) permet aux auteurs de mettre en avant les régularités lexico-grammaticales, telle la présence de constructions passives avec des verbes d’action, souvent avec des verbes de modalité (p. 144), l’utilisation récurrente d’adverbes en –ment pour indiquer la dimension de la contrainte légale, temporelle ou spatiale (p. 146-147) ou le recours fréquent au pronom ilimpersonnel (p. 147). Après cette analyse, les auteures proposent un scénario pédagogique FOS se basant sur le potentiel de la linguistique de corpus, plus précisément sur l’exploration des corpus par les étudiants : activités autour des listes de fréquence des mots, listes des mots-clés et expressions polylexicales, concordances et listes de patrons lexico-grammaticaux. Le scénario est ainsi suggéré pour aider les étudiants-ingénieurs à « identifier et […] s’approprier les règles de composition et les caractéristiques formelles, discursives et lexicales propres à cet écrit ». (p. 154).
L’article de Krastanka BOZHINOVA (Coélaboration d’objets de savoir pour s’approprier la terminologie dans le domaine des affaires européennes et de la politique internationale, p. 157-173) insiste sur la co-construction du savoir par les enseignants et les élèves/étudiants en ce qui concerne l’enseignement et l’apprentissage de la terminologie et des collocations du français des affaires européennes et de la politique internationale. S’appuyant sur les résultats d’une recherche-action précédente pour la mise en place d’un dispositif d’enseignement hybride ancré dans la perspective actionnelle, l’auteure présente un scénario pédagogique sur le thème des migrations vers l’Europe à destination d’étudiants internationaux anglophones (niveau B2) inscrits en licence d’études européennes, de sciences politiques et d’études internationales de l’American University en Bulgarie. Les étapes préparatoire et intermédiaire proposées par l’auteure portent respectivement sur la mobilisation des acquis disponibles et sur des activités de sensibilisation et d’entraînement basées sur des corpus choisis par l’enseignant ou par les étudiants. Pour ces dernières, un exemple d’exploration de textes parallèles avec et sans formulations spécialisées est présentée (p. 165-166). L’utilisation de corpus parallèles et de banques terminologiques en ligne ainsi que le recours à des concordanciers sont également envisagés pour que les étudiants co-construisent des fiches terminologiques en se focalisant sur des termes-clés thématiques ainsi que sur les procédures, les actions d’assistance des migrants et toutes les collocations nécessaires pour les désigner. Tout le travail de co-construction terminologique est censé servir d’appui à la réalisation de la tâche finale attendue : une production écrite et orale d’un exposé co-construit en groupes. L’auteur termine sa description en soulignant comment le travail sur la terminologie est fonctionnel à la réalisation de la tâche et sur la possibilité de transfert d’un tel scénario à d’autres thématiques et à d’autres domaines.
Le volume se termine avec la contribution d’Estela DEMARQUE et Maurizio BABINI (Vocabulaire bilingue portugais brésilien-français : questions d’équivalence entre noms, p. 175-191). Le but de la contribution est d’effectuer « l’analyse terminologique du vocabulaire académique bilingue portugais brésilien-français », plus précisément de mettre en évidence l’équivalence conceptuelle (Felber 1984) de ce vocabulaire entre portugais brésilien et les résultats de Tutin (2007) pour le lexique scientifique transdisciplinaire français. Un corpus constitué de textes en portugais brésilien suivant les critères de Tutin a été mis au point par les auteurs et analysé à l’aide du logiciel HyperBase (Brunet 2017). Ce dernier a permis aux auteurs de repérer 620 termes, dont 273 noms, sélectionnés suivant la dispersion et la fréquence d’occurrence absolue dans les textes du corpus. Deux systèmes conceptuels pour chaque langue ont été conçus par les auteurs pour effectuer la comparaison. Les contextes d’occurrence pour évaluer l’équivalence des termes ont été repérés moyennant ScienQuest pour le français et Hyperbase pour le portugais brésilien. Une analysé systématique détaillée de certains termes est illustrée par les auteurs (ex. abordagem > approche, démarche ; propósito > but, objectif) pour montrer le degré de superposition entre les concepts auxquels les termes académiques renvoient. En fin de contribution, les auteurs mettent en relief l’importance de ces analyses terminologiques comparées « pour tous les apprenants qui doivent lire et apprendre des textes scientifiques en français et pour tous les chercheurs franco-brésiliens qui doivent lire et écrire des articles ou des communications scientifiques dans l’une des deux langues » (p. 189).
Mario Marcon