Federica VEZZANI, Terminologie numérique : conception, représentation et gestion, Berne, Peter Lang (« Linguistic Insights »), 2022, pp. 240.
Préfacé par Rute Costa, l’ouvrage de Federica Vezzani se veut une bonne initiation au travail du terminologue numérique, figure devant maitriser nécessairement les outils informatisés pour la terminologie et travailler dans des équipes à vocation franchement interdisciplinaire.
Le premier chapitre (« Numérisation de la terminologie », pp. 23-43) poursuit l’objectif d’introduire le lecteur à la notion de terminologie numérique. Pour ce faire, l’A. passe par un nécessaire éclaircissement méta-terminologique entre les concepts de terminologie, terminographie, terminotique et terminologie computationnelle, visant à définir les champs d’investigation de ces disciplines, qui ont précédé l’ère de la terminologie numérique. Une deuxième partie du chapitre est consacrée aux principes qui sous-tendent l’activité de curation des données numériques, pour parvenir à une gestion optimale des données terminologiques dans le Web sémantique. Sont ensuite illustrés les principes FAIR (Faciles à trouver, Accessibles, Interopérables et Réutilisables) et les principes des données liées, qui devraient guider le terminologue numérique dans la conception de ressources terminologiques, quel que soit le domaine.
Le deuxième chapitre (« Fondements pour une terminologie numérique », pp. 45-59) se veut un état de l’art des théories et des approches utilisées en terminologie. Après un rapide survol sur la théorie fondatrice de la terminologie, l’optique conceptuelle d’E. Wüster, l’A. passe en revue les courants théoriques qui se sont développés en réaction à celle-ci, se focalisant en particulier sur les principes généraux sur lesquels ils reposent. Elle présente ainsi de façon synthétique les approches suivantes : la terminologie communicative de M.T. Cabré Castellví (1993, 2003), la socioterminologie de l’École de Rouen (Gaudin, 1993 ; 2003), la terminologie cognitive de Temmerman (2000), la terminologie culturelle (Diki-Kidiri, 2000) et la terminologie textuelle (Bourigault & Slodzian, 1999 ; Condamines, 2005). En dernière instance, l’A. expose les principes sous-jacents à l’approche ontoterminologique (Costa, 2013 ; Roche, 2012, 2015), qui tient compte de la dimension à la fois conceptuelle et linguistique de toute terminologie, et au sein de laquelle elle situe sa propre recherche. La démarche suivie est donc aussi bien onomasiologique que sémasiologique.
Les chapitres 3 et 4 sont à considérer comme étant complémentaires, car ils illustrent respectivement la conception et l’implémentation d’une ressource terminologique numérique. Une application concrète du paradigme des principes FAIR dans la conception d’une ressource terminologique numérique fait l’objet du chapitre 3 (« Conception d’une ressource terminologique », pp. 61-82). En particulier, ce paradigme de la terminologie FAIR se concrétise dans l’application de trois normes publiées par l’ISO TC/37 SC 3 : la norme ISO-16642 : 2017, la norme ISO-12620 : 2019, et la norme ISO-30042 : 2019. La première définit le métamodèle Terminological Markup Framework (TMF), d’après lequel doivent être structurées les collections de données terminologiques, alors que la deuxième a pour objectif « de documenter, d’harmoniser et de gérer les catégories de données […] utilisées au sein d’une ressource terminologique » (pp. 78-79). La troisième norme, définissant le format de représentation TermBase eXchange (TBX) qui permet l’échange et la réutilisation des données terminologiques, est décrite dans le chapitre 4 (« Vers l’implémentation d’une ressource terminologique », pp. 83-98). Ici, Vezzani se focalise en particulier sur trois phases de l’implémentation d’une ressource terminologique : la représentation des données terminologiques, l’actualisation de celles-ci et leur publication dans un répertoire. De plus, elle souligne la nécessité d’une collaboration interdisciplinaire entre terminologues et informaticiens.
Après ces quatre chapitres de nature théorico-méthodologique, l’A. consacre le chapitre 5 à la description détaillée de la ressource TriMED, conçue dans le cadre de son projet doctoral et portant sur la terminologie médicale (« Une étude de cas : la ressource TriMED », pp. 99-158). Il s’agit d’une ressource plurilingue (anglais, français et italien) et polyvalente, dont les applications peuvent changer suivant la catégorie d’utilisateurs (patients, traducteurs, médecins). TriMED est choisie comme exemple pour guider le terminologue numérique dans la conception d’une ressource terminologique FAIR dans n’importe quel domaine.
Pour finir, le chapitre 6 (« Is it FAIR enough ? », pp. 159-166) propose des pistes de réflexion sur l’avenir de la FAIRisation des données terminologiques à partir de l’étude de cas de la ressource TriMED. L’A. décrit les travaux en cours sur la transformation des données terminologiques afin de présenter les possibilités qui s’offrent au terminologue numérique à partir du format standard d’implémentation TBX, tout en soulignant que la « mesurabilité de la FAIRness des données reste un problème ouvert » (p. 166).
[Rosa CETRO]