Leïla BEN HAMAD, L’expression de la simultanéité en français. Le cas des locutions conjonctives

di | 25 Febbraio 2025

Leïla BEN HAMAD, L’expression de la simultanéité en français. Le cas des locutions conjonctives, Paris, Honoré-Champion, 2024, pp. 598.

L’expression de la simultanéité en français. Le cas des locutions conjonctives est le fruit d’un travail de correction, de remaniement et de réactualisation de la thèse de doctorat de Leila BEN HAMAD. L’auteure aborde l’expression de la simultanéité en français dans la langue et dans le discours à partir de l’étude des locutions conjonctives. L’idée qui est promue le long de cet ouvrage est double. Il s’agit, d’une part, de proposer une ouverture réflexive sur des aspects problématiques qui intéressent les sciences du langage, portant sur l’invariance ou la variation du sens des formes linguistiques, sur l’autonomie de celles-ci, sur leur rapport à la pensée ; de l’autre, de repenser la notion de « locutions conjonctives », ainsi que le statut épistémologique de la catégorialité et les théories visant le changement et les variations linguistiques, la prise en compte du contexte et de la périodisation par rapport au concept de « simultanéité ».

Comme il est précisé dans l’Introduction (pp. 11-16), l’expression de la simultanéité pose la question de sa représentation en langue française par rapport à des positions théoriques au fil du temps, de sa définition et des relations temporelles qui servent à l’exprimer, là où une frontière nette entre catégories est difficile à tracer. Le concept de « simultanéité » est ainsi au cœur des réflexions de BEN HAMAD, avec la conviction que l’unicité de ce concept est fonctionnelle pour examiner aussi bien l’un et le multiple qui le sous-tendent que les formes d’expression de la simultanéité. En effet, celles-ci, au-delà d’un tronc conceptuel commun, montrent des contenus sémantiques spécifiques permettant de nuancer leur structure conceptuelle de base et d’engendrer des répartitions internes. Il en va de même pour les locutions conjonctives, dont la formation est issue de plusieurs catégories grammaticales et de diverses aires sémantiques, qui présentent un statut hybride et demandent des choix préliminaires quant à leur analyse. C’est ce qui est effectué dans le cadre de cet ouvrage, qui s’intéresse notamment aux locutions conjonctives à base prépositionnelle ou adverbiale lorsque, alors que, pendant que et tandis que, dès le premier état du français écrit jusqu’au français contemporain, à l’appui d’attestations de celles-ci au sein des bases informatisées du français médiéval (BFM), du Dictionnaire de Français Moderne (DFM) et de la base de données Frantext, permettant de couvrir les états du français jusqu’au XXIe siècle.

Dans le double but de proposer une caractérisation des locutions conjonctives exprimant la simultanéité sur base linguistique et d’examiner l’aire conceptuelle de la simultanéité, ce volume est divisé en trois parties principales, composées d’autant de chapitres et de divers paragraphes et sous-paragraphes. L’ouvrage est complété par une conclusion générale, par une riche Bibliographie (pp. 499-552), par les Index nominum, rerum et verborum (pp. 553-570), par une Annexe contenant la liste des œuvres citées par ordre chronologique (pp. 571-586) et par les listes des tableaux et des figures (pp. 587-589).

La première partie, qui a pour titre État des lieux (pp. 19-156), vise à présenter un état de l’art de l’objet d’étude à partir de deux aspects : d’un côté, une réflexion sur la notion de « simultanéité » et sur sa problématisation ; de l’autre, une illustration des formes d’expression de la simultanéité réparties par catégories grammaticales – les prépositions, les adverbes, les conjonctions et les locutions conjonctives – et selon la perspective et le point de vue des spécialistes qui les ont abordées. Ceci est effectué à partir d’une visée cumulative qui s’enrichit des apports de chaque approche (morphologique, syntaxique, sémantique, énonciative, pragmatique, discursive, textuelle) pour en signaler les recoupements ainsi que les aspects complémentaires. Plus en détail, c’est par le biais d’une approche tant onomasiologique, relevant du système notionnel de la simultanéité, que sémasiologique, par la représentation de la structure notionnelle de simultanéité dans le système de la langue, qui est montrée l’étroite interdépendance entre la réalité linguistique et la réalité notionnelle.

Le chapitre premier de cette section, La notion de simultanéité ou la difficile élaboration d’une doxa (pp. 21-72), est consacré aux principaux problèmes relevant du sens de la simultanéité et de sa représentation, à partir des diverses approches à cette notion et de l’analyse des différentes conceptualisations dont elle a fait l’objet au cours du temps et suivant le type d’approche pris en compte. La simultanéité est ainsi d’abord examinée dans un cadre logico-référentiel et chronologique qui tient, d’une manière plus générale, au temps – en témoignent l’appui sur la grammaire de Port-Royal, sur le système beauzéen, sur le modèle de Reichenbach (1947) et, dans la continuité par rapport à ce dernier, sur l’approche de Vet (1980). Cette notion est ensuite traitée suivant des approches qui, datant du XXe siècle, s’inscrivent dans le cadre psychologique et ont le mérite de représenter le temps avant de s’intéresser à son expression dans le langage. Parmi celles-ci, sont mentionnées les approches de Brunot (1926) et de Gosselin (1996), lequel propose un modèle calculatoire compositionnel de prédiction des significations temporelles globales des énoncés à partir des marques qui les composent, ainsi que le modèle conceptuel de Wilmet (1997). En particulier, ce modèle, qui s’inspire de Damourette et Pichon et de la tradition guillaumienne, permet de prendre en compte le rôle du sujet locuteur dans son attitude à l’égard de l’événement dont il est question. La troisième approche présentée par BEN HAMAD est issue de la pragmatique, notamment des travaux de Sperber et Wilson (1989 ; 1993), de Moeschler (1993 ;1998) et de L. de Saussure (1998 ; 2003) sur la pertinence, sur les inférences directionnelles et sur la pragmatique procédurale, respectivement. Il en découle que le sens d’un énoncé va au-delà de la signification qui est encodée par celui-ci, par rapport à laquelle la simultanéité est appréhendée dans des registres qui sont spécifiques de chaque approche à partir d’un même sens général commun. Ensuite, la simultanéité est traitée dans le cadre de la linguistique du texte, à l’appui du dispositif du temps postulé par Weinrich (1964 ; 1982), et du discours, à l’appui des relations discursives qui seraient entretenues par les constituants de discours, comme il est montré par l’approche de Mann et Thompson (1988), par la grammaire de discours de la simultanéité proposée par Aslanides-Rousselet (1998) et par le dispositif créé par Borillo (1983 ; 1988 ; 1994). La conclusion à laquelle parvient l’auteure à la suite de la présentation de l’ensemble de ces approches, c’est d’affirmer leur pertinence partielle à l’égard de la notion de « simultanéité » en raison des équivoques et des imprécisions qui en relèveraient. Il en va de même pour les approches de type descriptiviste et globalisant (de Sandfeld (1936), Olsson (1971), Klum (1975) et Chétrit (1976)), par lesquelles cette notion est appréhendée au-delà du strictement linguistique, qui ne contribuent pas à l’élaboration de la notion de simultanéité. Pour autant, il émerge que par chacune de ses approches la réflexion sur la simultanéité progresse et que le concept qui y est sous-tendu concerne la localisation dans le temps et la situation par rapport au moment de l’énonciation, mais aussi la structure temporelle des procès décrits par les énoncés, à savoir la durée, la perfectivité, l’itération ou la progressivité.

Les deuxième et troisième chapitres de cette partie, en revanche, s’intéressent à certaines formes d’expression de la simultanéité à partir de leur représentation langagière. Le chapitre 2 est notamment consacré aux prépositions et adverbes temporels (Les prépositions et adverbes temporels exprimant la simultanéité dans la littérature linguistique, pp. 73-115), alors que les conjonctions et locutions conjonctives font l’objet du chapitre 3 (Les conjonctions et locutions conjonctives exprimant la simultanéité dans la littérature linguistique, pp. 116-149). L’angle d’observation de ces catégories grammaticales est représenté par un état de l’art de la littérature linguistique et par la mise en perspective des travaux qui les ont abordées en vue d’identifier leurs propriétés. À cet égard, par rapport aux prépositions et adverbes, sont distingués quatre types de travaux : ceux qui relèvent d’une approche syntactico-sémantique, ceux qui s’inscrivent dans un courant sémantique, ceux qui présentent une orientation énonciative et, enfin, un travail qui relève de la pragmatique. Il émerge que, tout en contribuant à la compréhension du comportement des adverbiaux temporels de simultanéité, les morphèmes étudiés dans le cadre de ces approches – surtout pendant et alors, au détriment des autres adverbes et prépositions temporels – recèlent des propriétés qui leur sont spécifiques et qui tiennent également à la diversité des approches présentées. D’où la nécessité, d’après l’auteure, de recourir à une approche permettant d’identifier tant la couche sémantique qui est partagée par tous les morphèmes exprimant la simultanéité que les couches superficielles qui sont le propre de chaque morphème. Quant aux conjonctions et locutions conjonctives temporelles de simultanéité, étudiées au chapitre 3, l’analyse des approches descriptives (syntaxiques et syntactico-sémantiques), énonciatives et pragmatiques est suivie de l’apport des études en diachronie. Les remarques avancées à la suite de cette investigation montrent non seulement que les locutions conjonctives temporelles sont peu traitées dans la littérature linguistique, mais aussi que leur traitement est insatisfaisant auprès des approches présentées, à l’exception de l’approche diachronique. Celle-ci permettrait de saisir le processus diachronique que les éléments grammaticaux composant les locutions conjonctives de simultanéité ont subi et donc de comprendre leur fonctionnement synchronique.

À cet effet, dans la deuxième partie de cet ouvrage, Histoire des locutions conjonctives de simultanéité (pp. 155-314), l’attention est focalisée sur l’histoire des locutions conjonctives de simultanéité, à partir de leur naissance et de leurs évolutions, dues, entre autres, aux contextes qui en ont favorisé l’apparition ou la disparition, en vue de montrer l’émergence d’un nouveau paradigme et les tendances qui ont caractérisé son évolution. Cette section diachronique est composée de trois chapitres.

Dans le premier, Cadrage théorique et méthodologique (pp. 159-213), sont illustrées les motivations à la base des choix de l’auteure en termes d’analyse des locutions conjonctives. Par rapport au cadrage théorique de référence, elle souligne l’importance qu’assume désormais la perspective de la « grammaticalisation », qui est évoquée et utilisée par rapport à tout travail exploratoire d’un phénomène linguistique en diachronie et qui, dans le cas présent, vise à traiter du développement des locutions conjonctives de simultanéité en français. Ainsi, l’appui sur la grammaticalisation et sa définition encore non unanime sont suivies de l’analyse des mécanismes de changement linguistique qui la traduisent, tandis que le cadrage méthodologique concerne les choix en termes de constitution du corpus et de méthodologie qui sont sous-tendus à l’analyse des locutions conjonctives temporelles de simultanéité sélectionnées par l’auteure. En particulier, les exemples présentés parcourent les diverses étapes d’évolution du français, de son état médiéval au français actuel, donc sous forme écrite et à l’exclusion d’une pratique spontanée de la langue, à partir de genres de discours différents. Cette hétérogénéité est notamment justifiée par la volonté de constituer un corpus le plus possible représentatif des phénomènes à aborder, recourant à diverses bases de données informatiques. En termes méthodologiques, en revanche, c’est une méthode inductive qui est privilégiée à partir de régularités langagières pour construire des abstractions qui, à l’appui de la grammaticalisation, permettent de repérer des régularités immanentes des formes langagières étudiées, en tenant compte de la quantification des données et du co(n)texte. Pour ce faire, l’appui sur un métalangage qui questionne tout d’abord la notion même de « locution conjonctive » s’avère fondamental.

Le deuxième chapitre, Origine des locutions conjonctives de simultanéité en usage dans le premier état du français écrit (IXe-XIIIe siècle) (pp. 215-247), retrace, à partir de la BFM, les plus anciennes attestations des locutions conjonctives de simultanéité, en vue de préciser les contextes sémantiques et syntaxiques qui ont favorisé leur apparition. Les morphèmes quant et cum/com(e) représentant l’expression hypotaxique de simultanéité en ancien français, sont étudiés dans le cadre de leurs évolutions au fil du temps, par diverses étapes, au sein d’un processus lent qui a vu le figement progressif de constructions qui étaient à l’origine libres.

Ce parcours se poursuit au troisième chapitre, Les locutions conjonctives de simultanéité dans l’histoire du français (pp. 249-309), qui vise à souligner, à l’appui des attestations issues des bases de données consultées, les grands mouvements de changement qui ont intéressé les locutions conjonctives de simultanéité et les étapes intermédiaires qu’il est possibles de retracer dans leur système et par rapport aux mécanismes de changement linguistique qui interviennent dans ce processus. Plusieurs tableaux enrichissent l’explication de ces étapes de la part de l’auteure, permettant de visualiser, par la fréquence d’emploi de ces locutions, leur coexistence, ainsi que leur naissance ou disparition au fil des siècles. Ce parcours, qui aboutit au XXIe siècle, conduit à expliquer les raisons qui ont motivé l’émergence, la permanence, le renouvellement ou la disparition de chacune des locutions examinées. Celles-ci relèvent de facteurs qui vont au-delà de phénomènes strictement linguistiques, relevant notamment de l’ordre socio-politique, de stigmatisation et contre-stigmatisation au sein de la pratique métalinguistique, ainsi que de choix du sujet locuteur.

Enfin, la troisième partie, consacrée aux Locutions conjonctives de simultanéité, entre langue et discours (pp. 315-484), s’intéresse au statut catégoriel de ces locutions pour ensuite aborder leur syntaxe et leur structure sémantique, ainsi que les effets de sens qu’elles peuvent assumer selon le contexte dans lequel elles figurent. Le but est de circonscrire la valeur intrinsèque de chaque locution étudiée et d’approcher les structurations complexes sous-tendant la relation temporelle de simultanéité à l’égard de la relation de cause et de celle d’opposition. L’analyse porte sur l’examen de chaque locution séparément avant de réintégrer chacune d’entre elles dans l’ensemble micro-systématique qui en résulte.

Le premier chapitre de cette dernière partie du volume, Statut catégoriel des locutions conjonctives de simultanéité (pp. 321-371), propose, par une démarche tant diachronique que synchronique, une analyse systématique de chaque locution en vue d’en établir le statut catégoriel. L’étude est notamment menée à partir des éléments de base de ces locutions, de leurs affinités fonctionnelles communes, mais aussi des traits qui définissent un caractère propre pour chacune d’entre elles, pour ensuite aborder le statut catégoriel de que, qui est présent dans toutes les locutions qui font l’objet de cette recherche. Il émerge que la simultanéité apparaît comme un réseau conceptuel influençant l’élaboration d’une structure dyadique – due aux deux prédications autour de que –, sur un axe longitudinal, par rapport auquel chaque locution conjonctive appréhende un aspect de cette réalité complexe, élargissant ses fonctions dans le discours. Que joue ainsi un rôle incontournable pour les locutions conjonctives de simultanéité, dans la mesure où il est à la base de leur versatilité fonctionnelle et d’une délimitation de leur signification.

Le deuxième chapitre, Structure sémantique des locutions conjonctives temporelles de simultanéité (pp. 373-435), propose une approche sémantique unitaire, en langue, des composantes des locutions étudiées pour expliquer la variété des fonctionnements liés à leur sens global en discours. Comme l’auteure le montre, cette démarche a l’avantage de faire ressortir le signifié « en puissance » de chaque locution à partir de l’analyse des éléments qui entrent dans sa composition, sous une perspective diachronique et à l’appui des attestations tirées des bases de données consultées. Les deux premières locutions présentées sont lorsque et alors que, qui comportent une base commune ainsi que des emplois spécifiques résultant de celle-ci. En revanche, tandis que montre un rapport complexe avec l’expression de la simultanéité, étant donné qu’il résulte de tant, dépourvu de la temporalité dans son fonctionnement tout en étant compatible avec cette valeur, et du nom temporel di. La dernière locution illustrée est pendant que, qui représente de plus en plus une singularité par rapport aux trois autres locutions. Le but de cette analyse visant à examiner les relations entre les locutions et les éléments qui les composent, et les relations de système que les locutions entretiennent entre elles, souligne une dualité et une triadicité oppositionnelles. C’est la structure morpho-sémantique de ces locutions, notamment la présence de que, qui interagit avec les propriétés sémantiques des éléments de base, permettant d’orienter ces locutions vers l’aval du discours, d’où leur rôle dans la structuration du discours et leur fonction textuelle.

Enfin, le dernier chapitre, Représentations discursives du sens des locutions conjonctives de simultanéité (pp. 437-484), aborde les variantes sémantiques qui modulent le tronc conceptuel commun qui fait l’objet de toutes les locutions étudiées, à partir d’une démarche synchronique relevant du domaine pragmatico-énonciatif. Ces modulations sont étudiées via les manifestations langagières de la simultanéité, à partir des nuances sémantiques des locutions conjonctives qui vont vers la simultanéité et de la prise en compte des deux modalités de la cause et de l’opposition, par rapport à leurs occurrences relevant de Frantext. La cause et l’opposition sont considérées comme substantiellement liées au temps et permettent de cerner les distinctions sémantiques entre les locutions conjonctives étudiées en discours. Ce sont notamment le type de simultanéité, l’implication des sujets participant à l’échange et les processus cognitifs qui sont visés par l’analyse conduite par BEN HAMAD, à partir de paramètres cotextuels, pour mieux examiner les propriétés sémantiques des locutions conjonctives de simultanéité. Il résulte que des interférences importantes interviennent entre les rapports temporel, oppositif et causal, contribuant à l’indétermination des frontières de la simultanéité à partir d’une pluralité de sens des locutions conjonctives qui l’expriment. Quant à la mise en contexte des locutions conjonctives de simultanéité, leur examen est basé sur le cotexte verbal, à partir duquel sont présentés tant les temps verbaux et les interprétations qui peuvent être faites des procès que la manière dont les locutions conjonctives de simultanéité ont une influence sur la sémantique verbale. Les réflexions de l’auteure se poursuivent par une analyse, renouvelée à la lumière de la recherche conduite, du concept de simultanéité, qui se projette sur tout fait de sens : structurel, grammatical, lexical, sémantique, discursif, contextuel. Le classement qui est proposé est fondé sur la variation plutôt que sur l’invariance et dans le cadre de la communication intersubjective, étant donné que ces locutions portent la trace de la subjectivité du sujet parlant. Le concept de simultanéité s’y avère être flou et le processus qui est à l’œuvre témoigne d’un caractère d’instabilité riche en variations favorisant la polysémie, la polycatégorialité et la polysyntaxie, qui sont à la base du fonctionnement des locutions conjonctives temporelles de simultanéité en diachronie et en synchronie.

Dans la Conclusion (pp. 489-498) générale, BEN HAMAD souligne le caractère non définitif et ouvert de la recherche qu’elle a menée autour de la définition de la simultanéité et de son expression via des locutions conjonctives temporelles en français. Beaucoup d’interrogations sont posées à l’analyste de ces phénomènes langagiers, visant leur inscription et comportement dans le discours et ouvrant des réflexions supplémentaires sur des points problématiques au sein des sciences du langage. La complexité et le caractère non définitif des remarques présentées dans le cadre de ce travail prouvent, d’après l’auteure, le caractère mouvant de son objet d’étude et de son expression linguistique au fil des siècles par le biais des locutions conjonctives de simultanéité les plus utilisées et de leurs influences réciproques. Ces dernières ont une influence même en discours, comme le montrent les réflexions théoriques des spécialistes en sciences du langage qui ont essayé d’aborder la notion de simultanéité et ses formes linguistiques. Celles-ci invitent à remettre en question des aspects qu’il faudrait analyser de manière dynamique et non définitive, en vue de mieux rendre compte de la richesse du concept de simultanéité et de son expression linguistique.

Cette étude se veut ainsi une remise en cause de fond de la description grammaticale dans la tradition occidentale au sujet des locutions conjonctives temporelles de simultanéité en français.  Les réflexions, bien argumentées, qui sont présentées par BEN HAMAD témoignent d’une étude approfondie des interrogations qui animent la recherche linguistique sur ce thème et de la tentative d’y donner des réponses, quoique partielles et non définitives, à partir d’une reconsidération des outils conceptuels servant à analyser le sens linguistique et à parcourir son évolution.

[Alida M. SILLETTI]