Dal discorso come campo al corpus come terreno. Contributo metodologico all’analisi semantica del discorso, (Titre original de l’ouvrage traduit : Du discours comme champ au corpus comme terrain. Contribution méthodologique à l’analyse sémantique du discours), Julien Longhi, introduzione e traduzione a cura di Chiara Preite, prefazione di Paolo Frassi. Roma, Tab edizioni, n.6 coll. Traduco, 2024.
La traduction de l’ouvrage de Julien Longhi, réalisée par Chiara Preite, constitue le 6e volume dans le projet éditorial de la collection Traduco, dediée aux traductions de textes scientifiques concernant l’Analyse du discours française et dirigée par Rachele Raus. Elle s’inscrit dans une démarche rigoureuse qui vise à allier respect de l’original et adaptations nécessaires pour le public italien. Ce travail ambitieux a poursuivi un double objectif : préserver le contenu et la forme de l’œuvre tout en garantissant une lisibilité optimale dans la langue d’arrivée. En s’appuyant sur la conception du « rythme » de Meschonnic, la traductrice a veillé à organiser le sens dans le discours de manière cohérente, ce qui a impliqué des ajustements ciblés pour transmettre fidèlement les intentions de l’auteur.
Le volume se structure autour de trois grandes parties. La préface de Paolo Frassi situe l’ouvrage dans le contexte de l’analyse du discours français, en mettant en avant la Théorie des Objets Discursifs (TOD) de Longhi comme une contribution novatrice. Frassi souligne la manière dont cette théorie enrichit le discours en tant que champ d’étude complexe, organisé autour des notions de « champ », « corpus » et « variation ». La préface insiste également sur les défis spécifiques de la traduction, tels que la gestion d’une terminologie spécialisée et les enjeux interdisciplinaires, tout en retraçant l’évolution de l’analyse du discours en France.
Dans son introduction, Chiara Preite explicite les objectifs de la traduction en illustrant comment l’auteur fusionne des concepts sociologiques et linguistiques pour répondre à des problématiques sociales et institutionnelles. La traductrice se fixe comme objectif de transposer les nuances conceptuelles tout en préservant la cohérence méthodologique. Les choix terminologiques adoptés témoignent d’une approche minutieuse : par exemple, « enquête de terrain » a été rendu par indagine di terreno, privilégiant une expression usuelle en sociologie italienne. De même, « vulgatisation » a été traduit par vulgatizzazione, malgré l’absence de ce terme en italien, afin de conserver un parallèle avec idéologisation. Enfin, « observables » a été traduit par le osservabili au féminin, suivant l’usage de François Rastier, en référence à la physique, garantissant ainsi une continuité conceptuelle.
Par ailleurs, les citations issues d’œuvres déjà traduites en italien ont été directement intégrées, tandis que les extraits non disponibles ont fait l’objet de traductions libres respectant le style de l’auteur. Les références culturelles spécifiques, telles que les campagnes publicitaires françaises ou les œuvres littéraires, ont été accompagnées de notes explicatives afin d’enrichir la compréhension des lecteurs italiens sans altérer la fluidité du texte.
Des adaptations ont également été nécessaires pour traiter les corpus. Les sigles, tels qu’Assemblée Nationale, ont été adaptés en Camera dei Deputati avec l’acronyme correspondant, CD, garantissant une équivalence fonctionnelle dans le contexte italien. En revanche, les métadonnées XML et les tweets ont été conservés en français dans le texte principal, mais traduits en notes pour en faciliter l’accès.
Les stratégies traductives employées varient entre une fidélité littérale et des choix plus obliques pour répondre aux écarts linguistiques et culturels. Certains termes techniques empruntés à l’anglais, comme tag, software ou hashtag, ont été maintenus dans leur forme originale en raison de leur usage courant en Italie. En complément, une attention particulière a été portée à la différenciation entre les notions de campo et terreno, conformément à la distinction établie par Longhi. Une uniformité terminologique a également été recherchée pour des termes clés, reflétant ainsi les choix théoriques de l’auteur. Des outils précieux tels qu’un index des noms et une liste des notions traduites enrichissent le volume.
En conclusion, la traduction de Chiara Preite se distingue par une combinaison de rigueur méthodologique et de sensibilité culturelle, offrant une lecture fluide et précise. En effet, la traduction italienne amplifie le dialogue interdisciplinaire voulu par Longhi, permettant un contact plus profond entre deux communautés scientifiques. À travers, la mise en valeur des nuances conceptuelles et des choix terminologiques réfléchis, cette traduction rend accessible au public italien toute la richesse méthodologique et théorique de l’œuvre originale.
[Maria Domenica Lo Nostro]